La spiritualité sous différentes formes.

De la datation à la résilience.

La spiritualité peut-elle être un facteur de résilience ?

Conférence de Jean Clottes, Boris Cyrulnik et de Gérard Ostermann

« Sur les traces de la spiritualité », Ce samedi 24 juin 2017 une conférence au Pôle international de la préhistoire rassemblait trois grandes personnalités françaises, Boris Cyrulnik, Jean Clottes et Gérard Ostermann, sur ce thème, dont voici une synthèse de leur intervention.

Sommaire:

  1. Une localisation singulière
  2. Une conférence à la hauteur de ce lieu
  3. interventions: « Sur les traces de la spiritualité. »

1.Une localisation singulière

Le Pôle International de la Préhistoire se situe en Dordogne, aux Eyzies, dans la vallée de la Vézère, ce territoire est riche de son patrimoine préhistorique. Cet établissement public de coopération culturelle propose de nombreuses missions pédagogiques dont la transmission de son héritage universel, celui de la préhistoire. En ce début d’été 2017, la chaleur est extrêmement présente sur tout le territoire, puisque météo France la présente comme un record historique de ces 145 dernières années. La qualité du paysage s’inscrit entre falaises, et cours d’eau dynamique et rafraichissant et en cette journée exceptionnelle le contexte géographique en est plus que ressourçant.

2.Une conférence à la hauteur de ce lieu

Trois grandes personnalités sont invitées ce samedi 24 juin 2017 pour débattre sur les traces de la spiritualité.

  • Photo de Boris CyrulnikBoris Cyrulnik, je pourrais le présenter sous le format classique à travers ses nombreuses spécialités et reconnaissances (neurologue, éthologue, psychiatre, Professeur et Directeur d’Université à Toulon dans sa chair, psychanalyste, officier de la légion d’Honneur, Prix Renaudot, reconnaissance mondiale pour ses nombreux ouvrages, et initiateur du concept de « résilience » (rebondir et avancer avec ses souffrances traumatiques), en France. Boris Cyrulnik tout comme ses Maîtres à penser le lui ont enseigné (Werner, E., Bowlby, J., Rutter, M., …) et tout comme l’enseignent aujourd’hui de grands professeurs des Universités sur le territoire (Anaut, M., Bouteyre, E., Lani-Bayle, M., Lighezzolo-Alnot, J., Ostermann, G., …)

C’est avant tout un homme engagé pour la protection de la nature et des animaux dans une cohabitation avec, et auprès de l’Homme. (Cf. : Mémoire de singe et paroles d’hommes, Pluriel, 1983 De la parole comme d’une molécule, Le seuil, coll., « Points », 1995, Sous le signe du lien, Pluriel, 2010, La fabuleuse aventure des hommes et des animaux, Pluriel, 2011. Les animaux aussi ont des droits, Seuil, 2013)

  • Jean Clottes, je découvre ce narrateur passionné, grand spécialiste préhistorien et particulièrement du paléolithique supérieur et de l’art pariétal. Il avance et argumente scientifiquement, dans le sens de la reconnaissance d’une société paléolithique axée sur la présence de pratique de rites chamaniques en appui sur des traces d’objets millénaires : où l’on reconnait la main de l’homme-artiste : points, zigzags, courbes, croix … dessinés sur des coquilles, ou objets de ce monde si ancien et retrouvés ensevelis durant des milliers d’années et hautement conservés et analysés aujourd’hui. (Cf : Les Chamanes de la Prhéistoire : transe et magie dans les grottes ornées, avec Lewis-Williams, D., Seuil, 1996)
  • Gérard Ostermann est Professeur de Thérapeutique, psychothérapeute analyste, praticien EMDR… Chargé de cours pour l’enseignement de la thérapeutique. C’est un orateur hors pairs lorsqu’il aborde les thèmes de l’imaginaire, l’imagination, pour inviter l’imaginal, notre imaginal ou plus précisément notre chimère imaginale si singulière à chaque individu… (cf : Soulager la douleur, Ed. Odile Jacob, 1998. La douleur à bras le corps, Ed. Médeline, 2000. Résilience, Réparations, élaboration ou création ? Ed. Bastingage 2004…)

3.Interventions « Sur les traces de la spiritualités »

3.1 Gérard Ostermann débute cette conférence sur un positionnement singulièrement universel « Alors les rêves ?!… », loin de toute universalité et proche de la singularité.

intervention de Gérard Ostermann

Il interroge le possible visible de l’invisible à travers l’espace et le temps, la capacité à pouvoir remonter le temps à contre-courant, le temps d’un rêve. Quelle est cette dimension du mystère où l’individu vit des émotions et pourquoi ces émotions existent dans cet instant de rêve ?

En appui sur la théorie, et la mythologie grecque, un rappel est soulevé par le positionnement de certaines divinités intervenants dans une dimension double, celle du lien et de la rupture, qui lie ou délie le rêve et sa fin.

Morphée qui a la vocation d’endormir l’humain.

Hypnos le Dieu du sommeil, qui nous lie à notre rêve

Oneiros une divinité présente pour nous délier de notre sommeil.

Les rêves sont étudiés depuis des décennies en Sciences Humaines, et surtout en psychologie. Ils sont aussi un objet d’étude mondial, à travers l’étude des cultures, des sémantiques particulières et universelles. La bible aborde le rêve à travers « Jacob », le rêve est le lieu où Dieu parle. L’homme vit dans un monde où l’on ne peut pas ne pas communiquer, mais où l’on peut tout interpréter. Comme le citait Albert Camus « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Ainsi Gérard Ostermann repositionne les termes dans leur sémantique d’études : du songe, du rêve, de la réalité, de la croyance, de la foi en interrogeant la spiritualité comme pouvant être un moteur de l’évolution humaine.

Ce rêve empli d’une action osée, d’une possibilité de réaliser un cheminement au-delà de ses peurs, au-delà d’un vécu, vers un ailleurs, un supra empirique qui s’orientaient vers une réalité ultime, nous autorisant à sortir de nous. Oui le rêve serait une sortie de soi, tout comme le songe serait une entrée en soi. L’imagination serait cette intempestive survivance de fantasmes spontanés, constitutif de l’imagination et qui consisterait à vouloir se représenter. Ainsi le rêve serait à l’individu, ce que le mythe serait à la collectivité.

Les nombreuses sépultures retrouvées et présentées par Jean Clottes en serait des démonstrations factuelles, et millénaires d’une existence face à la spiritualité humaine.

Les mythes seraient ces constructions collectives où la société essaierait de comprendre comment elle s’est fondée, en s’offrant un positionnent central, celui de l’homme face à l’univers. Bien que les mythes soient pensés comme hors réalité, Claude Levi Strauss rappelle qu’ils doivent être soulevés comme ayant une trace de réalité.

Gérard Ostermann interroge innocemment ou pas, mais de façon provoquante peut être, pour ne pas laisser son public trop « s’intro-vertir » dans ses pensées, ses références, ses représentations… Mais qui a émergé, percé, fait jour initialement : l’homme ou le mythe ? Pouvons-nous nous appuyer sur la Science ? La Science ne sert-elle pas à transformer le monde ? La Science ne sert-elle pas à comprendre le monde ? Mais alors invite-t-il à réfléchir : n’est-il pas évident que le monde sert à le transformer ?

Lorsque Socrate invite à se connaitre « Connais-toi toi-même et tu connaitras les Dieux… » qu’en est-il de la parole comme outil interagissant entre les deux ?  L’imagination serait la reine des facultés qui pourrait appartenir à l’homme. La théorie de Karl Gustave Jung et ses publications regorgent d’études et de travaux passionnants, et passionnés aujourd’hui pour une imagination imaginale à travers cette capacité de se créer des images transcendantes de nos connaissances. (cf. Henry Corbin).

Pour conclure l’interprétation du rêve est un travail « systématographique » individuel et singulier. Où lorsque l’on rêve « un quelque chose » de la journée, du mental se conserve et se produit, se fabrique, se conçoit, donne existence la nuit dans une interaction sommeil, rêve, émotion, jour, événement, soi, être… « Un ménage des méninges » « Une reprogrammation neuro-génétique » (G. Ostermann) ou épigénétique. Le rêve se battit en image et se construit en mots, (K-G. Jung) pour un but à venir, à construire, pour l’avenir.

Dans ce monde de l’invisible pour autre que soi,

 Si les portes de l’aperception étaient dégagées,

Toutes choses apparaitraient à l’homme.

G. Ostermann. 24/06/2017

 

3.2 Jean Clottes où l’art s’invite, la trace factuelle nous parle de spiritualité dans la préhistoire.

L’intervention de Jean Clottes est totalement nouvelle dans mes perceptions, mon imaginaire, mes connaissances de la préhistoire. C’est pourquoi ma prise de note est très, trop courte. Je vous invite à vous référer à l’enregistrement audio ci-joint. Car noter l’inconnu, fut pour mon projet de l’un possible ou l’autre, de l’un connu ou l’autre surtout à ce moment-là, surtout celui de l’autre.

L’homme est un créateur artistique, ce que ne peut créer l’animal. A l’exception de la création du nid. Certains nids animaliers sont de réels faits artistiques, attention toutefois de se méprendre, la création de telles œuvres d’art reconnu par l’homme n’est pas dans un but artistique mais fonctionnel à son rôle dans le monde de l’animal.

Les animaux rêvent, surtout les animaux domestiques, à la différence de l’humain, ils ne peuvent le partager. Ainsi la spiritualité ne peut être partagé par manque de langage compréhensible d’une espèce à l’autre.

L’art chez l’humain, se relève à travers l’étude de sépultures. Les scientifiques ont démontré à ce jour, mais cela peut varier dans quelques décennies, avec l’avancée des recherches.  Aujourd’hui on pourrait dire que l’art spirituel remonterait à 430 000 ou 450 000 ans, en appuie sur la découverte d’une grosse coquille découverte sur l’île de Java, sur cette coquille on observe des dessins présents en forme de vagues, fait par l’humain. (Homo erectus)

« Les années et décennies

 démontreront d’autres origines

 temporelles car les fouilles

se développent sur tous les continents. »

Jean Clottes 24/06/2017

 

3.3 Boris Cyrulnik « la spiritualité, facteur de résilience ?     

intervention de Boris Cyrulnik. Spiritualité et facteur de résilience ?

C’est au Congo, en présence de la haute vulnérabilité de jeunes congolais, que ce facteur lié à la spiritualité a été intimement interrogé  pour Boris Cyrulnik. Comment ces enfants pouvaient témoigner de belles choses qu’ils ressentaient dans une église, face à l’horreur du quotidien, et d’une mémoire traumatique si élevée, pouvaient prendre naissance, ou force en eux ?

Sur notre planète de nombreuses personnes vont à l’église et se sentent bien face à de l’invisible (Cf. travaux de Manciaux. Représentation de Dieu « imprégnation ou révélation »).   On apprend à aimer le Dieu des gens, des proches, de la niche affective qu’on aime. Lorsque les enfants accèdent à la parole. A travers les artifices du verbe et avec une convention sonore on crée dans le monde : des mots.  On parle d’un invisible. Une représentation de l’invisible totalement éprouvée (affectivement)

Sous la forme d’une ex-tase : être hors de soi, c’est la trance, un moment d’ailleurs, une épreuve à un moment une sensation  » d’ex tase. »

Pour le monde du songe, il est un éprouvé d’une personne. Dans une pensée binaire (un dualisme : corps ou âme). Boris Cyrulnik est un praticien, théoricien qui lutte contre une vision si simple, du « binarisme », du causal. Toutefois à travers son expérience congolaise entre autres, il nous invite, nous autorise cette pensée simple, évidente, appartenant dans un premier temps aux enfants. Les enfants pensent d’abord comme ça (tout ce qui n’est pas grand est petit, tout ce qui n’est pas mort est vivant)

Puis les expériences de la vie, vont nous confronter à la complexité (j’ai été mort, après mon retour de la mort, après ma mort infantile. Etre chaos debout après un choc émotionnel). Cette complexité du ressenti, du vécu est visible sur une imagerie par résonnance magnétique, et nommée « le cerveau est gris » dans son suivi énergétique cérébral. On peut noter des substances neuro stimulantes, visibles et analysables par des émotions telles que certaines euphories extrêmes. Les scientifiques analysent l’activation de l’amygdale rhynen- céphalique, appelée amande rhynencéphalique (pour ne pas la confondre avec les amygdales du fond de la gorge), cette zone s’active intensément voire extrêmement à travers des émotions vécus, ou invité à être ressenti lors des expériences. A ce jour on peut agir sur le cerveau, par la médiatisation ou par la parole, c’est donc scientifiquement et neurologiquement démontré. La spiritualité est un facteur à sensation extrême, intense. Pour Boris Cyrulnik, la spiritualité et l’attache individuelle accordée à ce facteur, pourrait être vu comme un prodige intime singulier d’un individu. Il précise et défini la spiritualité non à travers une religion institutionnalisée qui a déjà fait l’objet de nombreuses recherches. Il s’intéresse au contraire, à cette spiritualité absente de toute institutions.

« Moi croyant, je vais transformer et créer une réalité invisible que je vais intensément ressentir… »

La dénomination d’un dieu pour nos enfants n’est accessible qu’à travers un langage familier, culturel, social de sa niche affective, et le développe par amour de son/ses proche/s.

« Si ma figure d’attachement me le dit, je veux témoigner de mon amour mental pour partager ses mondes invisibles. Les groupes se gargarisent des bienfaits de cette spiritualité »

Attention, au danger, de rejeter la différence, l’autre, la vision qui n’est pas commune dans notre culture, dans notre environnement.

L’ouverture vers la spiritualité devrait ouvrir à accepter l’univers de l’autre différents du sien.

La spiritualité invite-t-il un Dieu, des dieux, combien en existe-t- il sur Terre : selon la littérature empiriques 30 000 à 50 000 ont été répertoriés dans le respect des coutumes, des religions, des traditions, des transmissions.

Lors d’écoute clinique, de nombreuses victimes face à un danger extrême, relève cette expérience unique, cette d’ex tase, cette sortie de son corps pour rencontrer Dieu. Scientifiquement il est important de s’appuyer sur la théorie de l’esprit, dans le récit préverbal. Ressentir l’invisible. Prenons l’exemple des animaux, qui ne partagent pas notre vocabulaire, avec lesquels nous ne partageons pas les mêmes mots. Nous constatons, et surtout les propriétaires d’animaux domestiques, que ces derniers ont accès à nos pensées (colère, joie, faim…)  Le chien notamment peut en un simple regard sur notre gestuel, notre fatigue notre joie, interagir avec nous. Lorsque nous sommes en colère, le chien va glisser sa queue sous son ventre, baisser les oreilles, et se trouver rapidement une issue spatiale. Au contraire, lorsque nous sommes heureux, celui-ci va mettre sa queue à l’horizontale et plus, il va la battre de la droite vers la gauche, avoir le regard brillant, les oreilles le plus élevées possible vers l’homme.  Il est également possible d’expérimenter le langage avec son animal domestique, tentez de lui parler d’un colloque, d’une aventure, d’une récitation, d’un succès, le chien manifeste son intérêt en remuant de la queue comme vue précédemment, car il est heureux que l’homme lui parle, s’adresse à lui.

Aujourd’hui nous savons d’après des études neurologiques, que l’on peut travailler l’amour,

L’amour est nécessaire, il nous aide à penser.

L’amour de la religion, d’un dieu, s’inscrit dans un équilibre psycho-affectif lié à son environnement.

Les enfants sécures sont confiants, babillent, se manifestent comme décontractés, s’ils sont élevés dans la religion, ils aiment dieu comme ils aiment leurs parents.

Les enfants hésitants, s’ils ont peur de leurs parents, vont avoir peur d’un Dieu punisseur, il est protecteur mais peut punir.

La place de Dieu dans notre société est très grande, bien qu’inconsciente, voici, quelques paroles entendues par tous… dans notre environnement. On fréquente Dieu volontairement ou involontairement à travers ces deux exemples communs : « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu… », » Mais bon dieu… »

Mais qu’est-ce que ce dieu punisseur. Expérience de De Suza, au Brésil chez des jeunes ados se scarifiant, se mutilant. Ces études démontrent, que ces ados qui se confronte à l’automutilation se recentre, se libère par l’auto agression… Ainsi des structures se développent pour autoriser la souffrance sous d’autres formes, autoriser la parole à donner, à recevoir aussi multiples et complexes qu’elles puissent être… lieu de thérapies, lieu de paroles, lieu de prières, c’est-à-dire des lieux ou les émotions aussi intenses soient elles, puissent être exprimées.

Désormais on peut éduquer et apprendre à gérer ses émotions. La société doit se battre contre l’isolement, car on sait que si une victime se clos, la perversion, sous de nombreuses formes possibles, peut la saisir.

« On est moraux avec ceux qui partage le même dieu

 et pervers envers ceux qui pensent différemment… »

« Attention au totalitarisme religieux, ou de pensée… »

« Certaines pensées différentes peuvent

 emmener à des dangers pervertis pour certains, pervers pour l’autre. »

Boris Cyrulnik 24/06/201

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